Le point de vue de Julie Mayer, chargée des relations avec le public pour la Comédie de Picardie.
« Nous menons depuis quatre ans un partenariat renforcé. Moi j’occupe ce poste depuis deux ans seulement. C’est un partenariat sans convention, qui implique que nous pratiquions les tarifs les plus bas. Il y a deux ans, Luiz m’a proposé de participer à un débat sur l’accès à la culture avec un groupe d’adultes. J’ai été littéralement bouleversée face à des gens fracassés par la vie. Je me suis sentie déconnectée à parler de théâtre à des gens qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois. J’ai mis deux jours à m’en remettre, mais c’était très positif. Ce groupe culture m’a fait du bien. Ça m’a obligée à me questionner sur le sens de mon métier.
De mon côté, je les ai invités à venir visiter le théâtre et à venir voir une représentation. Pour leur montrer l’intérieur d’un théâtre. Et ils avaient beaucoup apprécié. L’intérêt de ce partenariat consiste à présenter au groupe culture la saison théâtrale. Depuis deux ans, j’ai appris à les connaître donc je les conseille en rapport avec leurs goûts. Quand ils viennent, ce sont des spectateurs comme les autres. Je leur mets des billets à leur nom comme des VIP parce que je trouve plus chic que de les mettre au nom du Cardan. Certains viennent jusqu’à huit fois dans l’année, mais ils fréquentent aussi la Maison de la culture, Léo Lagrange, le Safran, etc.
Sans avoir une idée très précise de l’ensemble des projets du Cardan, je connais bien le fonctionnement des groupes culture. J’ai compris la philosophie de ce travail qui représente un vrai effort spirituel de la part des personnes qui y participent. J’ai pris connaissance de Leitura Furiosa, mais je n’ai jamais pu m’y rendre. Cela dit, il y a quelque chose qui reste assez flou, c’est le cheminement des gens du groupe culture jusqu’au Cardan. Mais, peut-être que c’est mieux que je ne sache pas d’où ils viennent. Ils sont là et c’est très bien comme ça.
Il y a quelque chose qui me manque tout de même, c’est un petit retour sur les spectacles vus par le groupe culture. On n’a pas toujours ce temps et c’est dommage. J’imagine que c’est une question de temps et si tout le monde leur demandait ça, ils ne s’en sortiraient plus. Mais il faudrait penser à quelque chose de succinct et de pratique comme une « newsletter » par exemple ou envoyer un petit mail le lundi suivant le spectacle du vendredi.
Le lien avec la lecture est évident, car le théâtre ce sont des mots, le plaisir d’un texte.
La crédibilité du Cardan est totale, pour moi il n’y a aucune frustration ni aucun échec. L’acte de sortie au théâtre, même si ce n’est qu’une fois, est essentiel. Mais je vois aussi des personnes qui se retrouvent comme des poissons dans l’eau. Je pense à une personne qui est un critique de théâtre né. Ça m’impressionne beaucoup »