Avec la cuvée 2013, Leitura Furiosa achève son troisième septennat. Celle-ci sera, n’en doutons pas, gouleyante et forte en bouche !
Leitura est une fourmilière d’énergies coordonnées par l’infatigable association amiénoise Cardan. Le Cardan travaille toute l’année, d’Amiens (des adultes de Saint Roch ; des jeunes et moins jeunes des quartiers Saint-Maurice, La Salamandre, Philéas Lebesgue, Mercet, Pierre Rollin, Victorin Autier, Fafet, Colvert, Blanchard, Elbeuf, les voyageurs et le collège Édouard Lucas) à Cayeux en passant par Flixecourt, Longueau, Abbeville (bibliothèque et des jeunes qui viendront du Marais Malicorne et des quartiers : l’Espérance, Provinces, Soleil Levant, Bouleaux-Platanes, Menchecourt), Doullens, Corbie, Montdidier, Gamaches, Beaucamps-le-vieux, Beauvais, Friville-Escarbotin, Chepy, Rue. Ses équipes de formateurs ne manquent pas d’initiatives renouvelées pour collaborer avec les populations qui en sont désireuses.
Chaque année, ils invitent 3 à 4 dizaines d’auteurs de tous horizons littéraires et leur font rencontrer des groupes. Dans ces groupes, des gens ayant quelques difficultés dans leur quotidien. Ensemble, ils ont trois longues, pleines et belles journées pour partager, rêver, écrire, discuter, vivre des choses différentes de leur quotidien et assister à un grand spectacle.
Le vendredi a lieu la rencontre : chaque auteur, accompagné par un membre du Cardan ou d’une association proche, fait la connaissance d’un groupe de personnes. Le matin et l’après-midi, des liens se tissent : on discute beaucoup, on sait aussi se taire (parfois, le silence est bien plus fécond que la parole), on change de sujet, on dit des choses sans en avoir l’air, on digresse, on rit, on boude, on se livre : bref, les échanges peuvent revêtir toutes les formes imaginables.
Dans la foulée, l’auteur doit composer un texte (ou une chanson) qui rendra compte de ce qu’il (ou elle) a entendu, de ce que le groupe a fait savoir important : en somme, un reflet de cette journée particulière qui n’est pas encore terminée. Règle d’or : le texte doit être terminé coûte que coûte (et il en coûte parfois beaucoup d’heures de sommeil perdues !), afin d’être lu le lendemain. Aussitôt terminé, il est envoyé au Cardan, qui procède aux premières corrections et aux premières traductions (car Leitura se joue aussi au Portugal, et dans quatre villes différentes : Lisbonne, Guimarães, Beja et Porto).
Le samedi matin, tout le monde se retrouve à la MAC*, et les auteurs font découvrir leur texte au groupe. S’il s’y retrouve sans réserve, c’est parfait. Sinon, l’auteur doit revoir sa copie, autant de fois que nécessaire.
Une fois le texte validé, il est repris par les correcteurs du Cardan. Chaque texte aura droit à une illustration originale et une traduction en portugais. S’y ajouteront quelques-uns des textes écrits au Portugal au même moment. Après le repas commun du midi, les groupes se dispersent dans la ville, accompagnés de « leur » auteur. Tourisme tranquille, promenade, et surtout, visite de Pages d’Encre ou Le Labyrinthe, librairies bien connues du centre-ville, où les membres des groupes peuvent dépenser un bon d’achat de douze euros bien mérité.
Pendant ce temps, c’est la frénésie à la MAC : les répétitions s’enchaînent. Durant ce seul après-midi, le spectacle du lendemain doit être mis sur pied : lectures, sketches, chansons, clowns. Les textes validés le matin-même sont déjà en répétitions ! En quelques heures, tout est mis en place.
Le dimanche, dès l’arrivée, c’est la stupeur : la MAC est remplie d’affiches avec les textes de la veille, illustrés et agrémentés des prénoms des auteurs. Chacun se retrouve devant « son » texte, écrit avec « son auteur ». Tout le monde se réjouit et prend des photos. À l’accueil, des membres du Cardan renseignent et orientent, expliquent s’il le faut, et distribuent le programme. À l’étage, les deux librairies ont fait stand commun, pour proposer les œuvres des auteurs invités. Le bar est ouvert et chacun peut s’y désaltérer gratuitement. Des tables et des chaises sont là pour se détendre les jambes, discuter ou chasser les autographes des auteurs présents.
Et partout dans la MAC durant cette journée, des ateliers gratuits : des activités pour tous les âges où on peut s’initier à l’imprimerie, à la calligraphie, à la sérigraphie, à différentes langues, se faire portraiturer, etc. À force de s’additionner, les bonnes volontés se multiplient, deviennent exponentielles : Leitura Furiosa, c’est l’entropie au sein de la MAC !
Le matin et l’après-midi, dans le Grand Théâtre, les textes sont lus et interprétés sur scène. Leurs créateurs peuvent alors entendre le fruit de la rencontre du vendredi. Le grand spectacle régale les spectateurs, les émeut et les réjouit. En fin de journée, ils peuvent rentrer chez eux avec plein de bons souvenirs en tête et des sourires à croquer dans le monde comme une pomme bien juteuse.
*MAC : Maison de la Culture d’Amiens